Aller au contenu. | Aller à la navigation

Navigation

Navigation
Menu de navigation

Rue de l'Eglise St-Sulpice

"Roûwe de l'Eglîje St-Sulpice"

Auparavant dénommée "Rue de l’Église", Saint-Sulpice fut ajouté après la fusion des communes de 1976 afin d'éviter la confusion avec les autres rues de l'église qui existaient dans chaque village.

-----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

L’église Saint-Sulpice et son cimetière

La nouvelle église de Beauvechain sera l'œuvre majeure du doyen Hamoir. Il y consacrera sans compter énergie et moyens financiers. Les deux lui seront bien nécessaires. Peu de temps après son arrivée, il entreprend des démarches pour réparer et agrandir l'édifice paroissial. Des travaux semblent avoir été réalisés entre 1820 et 1822.

En 1843, invoquant la vétusté du bâtiment et les montants trop élevés que nécessiterait une restauration complète, Hamoir s'adresse à la Province et à la Commune aux fins d'obtenir l'engagement d'une procédure de subside permettant d'envisager la construction d'une nouvelle église. Le 24 septembre le Conseil communal accorde, majorité contre opposition, son aide à l'entreprise. La dépense sera couverte par un emprunt.

Les différents contacts du maître d'œuvre se multiplient, notamment avec l'architecte-voyer A. Moreau. C'est sans compter avec l'imprévisible. En effet, le Conseil communal, en sa séance du 7 mars 1845 va voir sa majorité basculer sur l'affaire de la reconstruction. Les conseillers de l’opposition imposent dès lors leur point de vue et le subside est cette fois refusé. Moreau aura beau faire parvenir, enfin, le plan du projet au Commissaire d'arrondissement. La Députation permanente suivra le Conseil et refusera, elle aussi, la reconstruction. Le projet semble alors définitivement tombé à l'eau. C'est oublier la détermination du curé-doyen.

En 1852 la commune réitère son refus de participer à la reconstruction. Hamoir n'avait pas attendu cette nouvelle fin de non-recevoir pour décider de se passer d'elle. Pour ce faire il lui faut toutefois obtenir les autorisations nécessaires et donc garantir aux autres autorités de tutelle la solidité financière du projet. La commune de Beauvechain s'étant désengagée pour un subside de 20.000 francs, Hamoir s'y substitue. Ce montant, c'est sur sa cassette personnelle qu'il le prélèvera, assurant du même coup à lui seul plus d'un quart du coût total de l'entreprise. Il obtiendra aussi l'aide financière et de la Province et du Gouvernement.

Fin 1852 début 1853 les événements se bousculent : le 31 décembre 1852 l'Arrêté Royal autorisant la reconstruction est signé ; le 14 janvier 1853 le Cardinal accorde une autorisation permanente d'assemblée extraordinaire du Conseil de fabrique ; le 17 janvier 1853 il semble bien que les subsides provinciaux et gouvernementaux soient acquis ; le 22 mars 1853 le Cahier des charges est enregistré à Jodoigne ; le 31 mars 1853 le Cardinal autorise la démolition de l'église et accorde la permission de dire la messe  in loco profano.

Ce qui apparaît comme l'événement majeur de ces quelques mois, c'est, malgré tout, la rencontre de Norbert-André-François Hamoir avec Emile Coulon. Leur collaboration, qui commence en 1852, se poursuivra au moins jusqu'à l'achèvement du bâtiment en 1856. Une lettre conservée aux archives mentionne encore une estimation établie par Coulon pour l'achat du mobilier monumental de l'église le 30 octobre 1856. Hamoir va dès lors se consacrer, jusque dans les années 1860, à ce problème avec au moins autant d'ardeur et d'attention qu'à la construction de la bâtisse.

76.511,64 francs auront été nécessaires pour édifier la nouvelle église, soit un dépassement budgétaire de plus de 16.000 francs. André Hamoir aura consenti une dépense personnelle de 20.000 francs. C'est le 16 juillet 1860 que Monseigneur Sterckx, cardinal-archevêque de Malines, consacrera la nouvelle église Saint-Sulpice.

Notons que cet exemple d’église néo-gothique est un des ensembles les plus réussis dans le genre notamment grâce à la très grande homogénéité de la construction avec son mobilier réalisé par les sculpteurs louvanistes Goyers et l’orgue à double buffet (1863) qui est un des premiers et des plus grands instruments réalisés par les frères Gheude de Nivelles.

Pour en comprendre sa valeur, ce bâtiment doit être situé dans la perspective des lendemains de l’indépendance de la Belgique. Durant cette période, les églises se révéleront en effet comme les témoins d’une quête de fondements dans le concert d’une exceptionnelle expansion démographique, économique et industrielle. Cette époque d’effervescence voit deux tendances chercher à cohabiter : à côté d’un extraordinaire enthousiasme qui pousse à aller de l’avant se manifeste aussi la volonté de gérer cette liberté nouvelle dans le maintien d’un certain ordre. L’Église souhaitera affirmer sa présence et maintenir les clochers au-dessus des banques ou des cheminées d’usine. Elle voudra, elle aussi, à côté de la bourgeoisie et de l’État, jouer son rôle dans la construction de la Belgique et multipliera les créations de paroisses, de nouvelles constructions ou restaurations et agrandissements de bâtiments du culte.

Dans le sillage du courant romantique, très rapidement, à l’instar d’autres grandes nations voisines, le style qui s’impose pour ces bâtisses sera le néo-gothique. Symbole le plus achevé d’un Moyen Âge d’une haute spiritualité, le gothique semble le plus à même de représenter les valeurs de l’Église. Proclamé comme le style par excellence au Congrès de Malines, glorifié par le baron de Béthune et promu par les écoles Saint-Luc, bâtiments, orfèvreries et vitraux néo-gothiques fleuriront dans l’ensemble du pays.

Exemplative de son contexte et particulièrement homogène, les spécialistes se succèdent quant à l’expression de la qualité patrimoniale de l’église Saint-Sulpice : ainsi « son architecture enrichie d’un mobilier particulièrement complet, d’une qualité et d’une richesse iconographique exceptionnelle, lui confère une unité de style rarement atteinte dans une église paroissiale et la classe parmi les œuvres provinciales les plus représentatives de ce style » (URSEL C. d', Beauvechain. L'église Saint-Sulpice, dans Le patrimoine moderne et contemporain de Wallonie de 1792 à 1958, Namur, 1999, p. 29. Voir également L’église Saint-Sulpice de Beauvechain, un ensemble d’une grande homogénéité, dans Wallonia Nostra, n° 29, décembre 2003, p. 42-43.).

Il est à noter aussi, que depuis 2008, dans le cadre de l’inventaire des églises paroissiales wallonnes (1830-1940), le sanctuaire a été classé parmi les édifices jugés remarquables, qui mériteraient une protection spéciale, comme un classement.

 

Actions sur le document